COMMENT FAIRE UN ENFANT-ROI ?

D’abord ne confondons pas un ENFANT-ROI avec un PERVERS NARCISSIQUE : pas la même enfance et pas le même comportement. L’enfant-roi n’a pas besoin de manipuler : tout lui est permis et il avance avec ses gros sabots.

PETIT RAPPEL POUR PARENTS LARGUÉS

La génération Y ? Mai 68 ? Les parents de la génération Y étaient des ados en mai 68. L’influence de Dolto était là. Pas mauvaise en soi cette avancée DOLTO, mais mal comprise.

De la maternité à la crèche ou la maternelle, elle a entraîné avec elle les métiers de la petite enfance. On ne s’adresse plus aux enfants comme avant, et c’est tant mieux. On peut aussi rappeler aujourd’hui un de ses enseignements libérateurs : Dolto invite les parents à ne pas faire de l’enfant l’être central de la famille mais à les éduquer.

Sauf que côté ÉDUCATION, ce sont les jeux vidéo et les séries TV qui ont pris le relais, les parents étant bien trop occupés à courir partout.

LE PETIT TONIO

Tenez, je vous raconte l’histoire d’un client pas très « patient » dont j’ai, bien entendu, changé le nom, on l’appellera Tonio.

Tonio est le dernier né d’une fratrie de 6 filles et, et lui, et lui… Famille italienne classique dont le père veut pérenniser les traditions et transmettre le nom.

Le petit Tonio est adulé, encensé, aimé et… servi par ses 6 sœurs. Rien n’est refusé au petit Tonio.

Ce sera Tonio-Caprice, jusqu’à 39 ans. Après ? Deux divorces, des enfants qui le fuient, une faillite, double pontage, burnout.

Voilà, c’est mon client. Il m’arrive avec un égo surdimensionné et une série de « S’TA CAUSE » langage québecois courant. Rien n’est de sa faute, il ne comprends pas. Il n’a jamais eu vraiment à se faire confiance, n’a jamais eu besoin de s’affirmer car ça allait de soi : tout lui était dû tout de suite. Le code d’emploi du quotidien lui est inconnu.

L’ADULTE-TYRAN N’A NI RÉFÉRENCES NI REPÈRES

Le collectif ? L’adulte-tyran n’en a rien à cirer, d’ailleurs ça n’a aucun sens à ses yeux. Il est sa propre référence, point-barre, donc incapable de se remettre en question.

L’incivilité augmente et est mal vécue par les générations précédentes. Certains s’étonnent ? Et bien moi leur étonnement me laisse pantois. Dites-moi, ces mal embouchés ont-ils été mal aimés, incompris, empêchés de s’exprimer dans leur enfance? Pas du tout, je le répète, non seulement ils ne souffrent d’aucune carence affective mais font bien au contraire l’objet d’une survalorisation de leur personnalité. Dans leur monde, tout leur est dû.

D’OÙ VIENNENT CES ENFANTS « INDIGO » DES ANNÉES 80 ?

Où faut-il chercher ? Du côté des ados de mai 68 et des années 70. De cette génération élevée dans la rigidité du surmoi et de la puissance parentale. De celles et ceux qui devaient se plier à l’autorité parentale, sans pouvoir, sans liberté, sans possibilité d’épanouissement, prisonniers du joug de parents toxiques jusqu’à leur départ du foyer familial.

Ils sont devenus parents à leur tour, refusant les carcans de l’éducation subie, rêvant de donner à leur progéniture ce dont ils avaient été privés : la liberté et l’épanouissement. Et leurs enfants ont ainsi été surinvestis, surstimulés, adulés et sont devenus centre de l’attention familiale.

LES PARENTS ABSENTS «FABRIQUENT» AUSSI DES ENFANTS-ROI

Ces parents compensent leur sentiment de culpabilité en passant tout à leurs enfants et « achètent » leur affection. Alors leur enfant-roi, oubliera de grandir et deviendra un adulte-tyran qui restera dans une dynamique de plaisir.

Ce n’est pas nécessairement un pervers-narcissique souffrant d’un traumatisme infantile ou d’une carence affective.
Non, l’adulte-tyran qu’il est devenu refuse de renoncer aux fantasmes de toute-puissance de son enfance, ce qui le pousse à se croire le centre du monde. Il a un besoin maladif d’emprise sur les autres pour se sentir exister.

Il n’a jamais intériorisé les limites du possible. Aussi ne supporte-t-il pas de s’entendre dire « non ». Seule la réalité, quand il se heurte à elle, peut l’arrêter. Ni psychotique ni pervers, il doit entreprendre de faire le deuil de ses désirs d’omnipotence et accepter ses failles pour évoluer.

Guy Hauray

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